Château d'Aléry
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Château d'Aléry
Château d'Aléry
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Centre de la seigneurie d'Aléry, le château d'Aléry est une maison forte du XIe siècle, reconstruite vers le milieu du XVe siècle, situé sur la commune de Cran-Gevrier, dans le département de Haute-Savoie.
Situation
Sur la colline de Gevrier, dominant Annecy, elle surveillait les routes venant de Rumilly et de Chambéry.
Histoire
Son origine est ancienne, probablement métairie de la villa gallo-romaine de Gevrier, elle aurait été fortifiée au XIe siècle.
Au XIIIe siècle, elle est la propriété des seigneurs d'Aléry, noble Humbert d'Allery verse en 1276 une redevance à l'abbaye de Talloires. Sont cités en 1297 et 1341, Jacques et Girard d'Alerie. En 1402, elle est entre les mains de Guillaume de Menthonay; à sa mort, sa soeur, Marguerite de Menthoney en hérite et l'apporte en 1406 en dot à son mari Pierre de Saint-Jeoire.
Louis de Saint-Jeoire y fonde une chapelle en 1513, en l'honneur de la Vierge. Deux de ses fils, François et Jean de Saint-Jeoire, en hérite et la vende en 1543 à François Joly de La Roche. Jean-Louis, son fils ainé, y aménage une chapelle et fonde une chapellenie. Adrienne Joly de La Roche, l'apporte en dot en 1625 à Bernard Lucas. Ce dernier est contraint d'y reçevoir le 25 mai 1630, Louis XIII et le cardinal de Richelieu, venus recevoir la reddition de la garnison d'Annecy. C'est à Aléry qu'ils y rencontrent Mazarin.
Lors du siège d'Annecy en 1690 par le marquis de Saint-Ruth, celui-ci, y établit son quartier général.
Charles Joseph Lucas y adjoint ses domaines, qu'il a acheté, de Meythet, Vieugy, Loverchy, Gevrier et une partie de Seynod avec le titre de comté en 1699,. Son fils, Pierre-François Lucas, meurt sans héritier et la lègue en 1705 à son cousin Joseph-Louis d’Oncieux. Cette famille la vendront en 1818 à Joseph Quétand, taneur du val d'Aoste. Par mariage, elle passe dans les mains de la famille Velluz et elle est achetée en 1907 par Louis Aussedat. Elle est toujours propriété de cette famille.
Description
L’essentiel des bâtiments que nous voyons aujourd’hui, on été érigés au milieu du XVe siècle, sur le noyau de ceux du XIVe siècle par la famille de Sain-Jeoire. De cette période, il ne reste que le portail en tiers-point qui donne accès à la cour, et la base de la façade nord. Elle est trouée d’une petite fenêtre en tiers-point munie d’une grille en fer, qui devait être la fenêtre de la chapelle.
Dans la cour, la margelle du puits porte l’écusson daté de 1583 de la famille Joly de La Roche, que sa veuve posa à l’occasion de travaux de restauration.
Elle se présente sous la forme de deux corps de logis quadrangulaire en équerre que relie une tour d'escalier polygonale, découronnée à la Révolution. La maison forte était ceinte de murs, dont seul subsiste une partie, percée par le portail, qui a conservé ses gonds et sa barre de fermeture. A l'intérieur les pièces arborent de beaux plafonds.
--------------------------------------------
Deux articles de la Revue Savoisienne, publication de l’Académie Florimontane, en avril 1904 et décembre 1945, se sont intéressés à l’histoire et l’architecture d’Aléry, ainsi qu’à l’épisode fameux de la rencontre dans ces murs de Louis XIII, Richelieu et Mazarin en mai 1630.
Le nom d’Aléry semble venir de la villa romaine d’un certain Alachrius, nom d’origine gothique (Alaric ?). Mais il faut attendre 1276 pour qu’apparaisse un noble Humbert d’Allery versant une redevance à l’Abbaye de Talloire. Deux documents de 1297 et 1341 mentionnent également un Jacques et un Girard d’Alerie. En 1402, ce bien passait à Guillaume de Menthonay, Seigneur de Turchet et évêque de Lausanne qui est assassiné par son valet quatre ans plus tard, laissant Aléry à sa sœur Marguerite, épouse de Pierre de Saint-Jeoire, seigneur de Beaucroissant. Divers actes de leurs fils et petit-fils concernent Aléry tout au long du 15ème et première moitié du 16ème siècle. C’est cette famille qui, vers le milieu du 15ème siècle, fit construire l’essentiel des bâtiments que nous voyons aujourd’hui sur un noyau du 14ème siècle dont il resterait le portail ogival donnant accès à la cour, et la base de la façade nord trouée d’une petite fenêtre à tiers-point munie d’une grille en fer, qui devait être la fenêtre d’une chapelle.
En 1543, Louis de Saint-Jeoire, petit-fils de Marguerite et Pierre, vend Aléry à Fançois Joly, Seigneur de la Roche (près de Ruffieux), juge, syndic d’Annecy, qui deviendra sénateur. En pleines guerres de religions, ce François Joly intrigua auprès du duc de Savoie pour l’inciter à s’allier avec les protestants contre le roi de France Charles IX, ce qui lui valut une condamnation, puis un retour en grâce. Il mourut quelques années plus tard, et c’est sa veuve qui, à l’occasion de travaux de restauration d’Aléry, fit apposer sur la margelle du puits de la cour l’écusson de la famille (de sable avec deux chevrons d’argent) avec la date de 1583.
Le fils aîné de ce ménage, Jean-Louis, seigneur d’Aléry et de la Roche, fut capitaine du château d’Annecy, puis membre du sénat de Savoie. Il fit aménager une chapelle dans le château et fonda une chapellenie. Trois de ses filles entrèrent à la Visitation qui venait d’être créée par Saint François de Sales et Sainte Jeanne de Chantal. La quatrième épousa en 1625 Bernard Lucas, avocat patrimonial à la Cour des Comptes, qui héritait ainsi de la seigneurie d’Aléry et la Roche. Ce Bernard Lucas était issu d’une famille récemment anoblie. Son fils sera fait 60 ans plus tard comte du Saint Empire Romain Germanique pour avoir participé à la bataille qui sauva Vienne de l’invasion turque (1683). C’est Bernard Lucas, noble savoyard, qui, en mai 1630, fut contraint d’héberger à Aléry Louis XIII et Richelieu en guerre contre la Savoie, et qui venaient recevoir la capitulation de la garnison d’Annecy.
Cet épisode a fait l’objet d’une étude détaillée dans la Revue Savoisienne, et il est d’autant plus intéressant que c’est à Aléry que Mazarin a une rencontre décisive avec le roi et son ministre.
En guerre avec l’empereur à propos de l’intronisation de Charles de Gonzague à Mantoue, Louis XIII cherchait l’appui du duc de Savoie. Mais devant les tergiversations de celui ci, Louis XIII et Richelieu décident d’aller en personne conquérir la Savoie. Chambéry capitule le 16 mai, Aix le 21. Le 22 mai, un émissaire est envoyé à Annecy pour négocier la soumission du gouverneur Louis de Sales, frère du Saint évêque mort 7 ans plus tôt. Celui-ci essayant de retarder l’inéluctable, le Maréchal de Châtillon-Coligny (petit fils du fameux amiral protestant assassiné à la St Barthélémy) incendia en représaille le château de la famille de Sales à Thorens, où était né Saint François. Le 23 mai, le Maréchal arrivait à Annecy qui , devant cette force, acceptait la capitulation. Celle-ci fut réalisée dans des conditions honorables le 25 mai, les troupes du château étant autorisées à quitter la ville. C’est ce même jour que Louis XIII et Richelieu, avec de nombreux dignitaires, viennent s’installer à Aléry, d’où ils peuvent parfaitement voir la ville et ses environs tenus par leur armée de 13000 hommes et 500 chevaux. On ne sait pas dans quelles chambres ont couché les deux illustres personnages. Le matin suivant est celui du dimanche de la Trinité, et il est vraisemblable que Richelieu célébra lui même la messe à laquelle assista le roi dans la petite chapelle du château. Le roi avait alors 29 ans, et son ministre 45. Le lundi 27 mai, Louis XIII, Richelieu, et sans doute le Père Joseph, l' " Eminence Grise ", sont toujours à Aléry. Dans la soirée, Louis XIII et Richelieu reçoivent un jeune officier italien de 27 ans, diplomate du Pape, Giulio Mazarini. C'était l'une des toutes premières fois qu’ils le rencontraient. Richelieu avait fait sa connaissance en mars et l’avait présenté au roi à Grenoble quelques semaines plus tard. Mazarini, ou Mazarin, était en effet chargé depuis plusieurs mois de négocier la paix avec les différentes parties prenantes. Mais lors de cette entrevue d’Aléry, Mazarin se présenta avec des propositions de paix qui intéressèrent vivement Louis XIII et Richelieu, qui admirèrent beaucoup ce jeune diplomate pontifical. Il est probable, mais non certain, qu’il fut lui-même hébergé à Aléry. La tradition familiale indique que la séance de travail entre les illustres personnages eut lieu dans la grande pièce du premier étage donnant sur la terrasse (chambre de grand'mère). Repartant le 28 mai pour continuer les négociations auprès des différents belligérants, Mazarin avait gagné l’estime, et même l’admiration de Louis XIII et de Richelieu. C’était le tournant de sa carrière politique qu’il attendait depuis des années. Désormais il sera au service de la France, incontournable dans la vie diplomatique européenne, jusqu’à devenir 5 ans plus tard à son tour, poussé par Richelieu, cardinal, successeur du père Joseph, puis enfin ministre et successeur de Richelieu auprès de la régente Anne d’Autriche. Louis XIII et Richelieu repartirent dès le lendemain d’Annecy pour continuer leur guerre, non sans s’être auparavant inclinés devant le corps de Saint François de Sales qu’ils avaient tous deux connu et admiré. Sans doute ont-ils même été reçus par Sainte Jeanne de Chantal, encore supérieure de la Visitation, dans l’église de laquelle reposait la châsse du Saint (qui sera canonisé 35 ans plus tard).
Nous avons vu que Pierre, le fils aîné de François Lucas, l’hôte obligé de Louis XIII, avait acquis, grâce à ses actions d’éclat au siège de Vienne (1683), un titre de comte du Saint Empire. Il continua une belle carrière d’officier qui le mènera au grade de général, gouverneur de la citadelle de Turin. Pendant que son frère Charles Joseph , ayant acheté la seigneurie des paroisses de Meythet, Vieugy, Loverchy , Gevrier et une partie de Seynod, obtint de pouvoir les unir à sa terre d’Aléry avec le titre de comté en 1699. Son fils, Pierre-François Lucas, était donc comte d’Aléry, de la Roche et du Saint Empire Romain. Mort sans héritier, il léguait en 1755 l’ensemble à son cousin Joseph-Louis d’Oncieux. Le fils de ce dernier se voyait confisquer l’ensemble à la Révolution, mais se le voyait restituer dès 1797 du fait des services qu’il avait rendus en tant qu’officier.
En 1818, la famille d’Oncieux vend Aléry à Joseph Quétand, tanneur de la ville d’Aoste. Les descendants de celui-ci conservèrent Aléry, sans pouvoir l’entretenir correctement, jusqu’en 1907, date à laquelle ils le vendirent à Louis Aussedat.
En définitive, malgré sa situation sur une hauteur dominant Annecy et contrôlant le départ de la route Annecy-Chambéry, il ne semble pas que le château d’Aléry ait jamais eu de réelle vocation militaire. Plutôt maison fortifiée, ce qui était normal et courant dans cette région qui connut tant d’invasions et de batailles, Aléry fut jusqu’à la Révolution la demeure de petits seigneurs, dont la plupart furent plus gens de robe que d’épée.
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Centre de la seigneurie d'Aléry, le château d'Aléry est une maison forte du XIe siècle, reconstruite vers le milieu du XVe siècle, situé sur la commune de Cran-Gevrier, dans le département de Haute-Savoie.
Situation
Sur la colline de Gevrier, dominant Annecy, elle surveillait les routes venant de Rumilly et de Chambéry.
Histoire
Son origine est ancienne, probablement métairie de la villa gallo-romaine de Gevrier, elle aurait été fortifiée au XIe siècle.
Au XIIIe siècle, elle est la propriété des seigneurs d'Aléry, noble Humbert d'Allery verse en 1276 une redevance à l'abbaye de Talloires. Sont cités en 1297 et 1341, Jacques et Girard d'Alerie. En 1402, elle est entre les mains de Guillaume de Menthonay; à sa mort, sa soeur, Marguerite de Menthoney en hérite et l'apporte en 1406 en dot à son mari Pierre de Saint-Jeoire.
Louis de Saint-Jeoire y fonde une chapelle en 1513, en l'honneur de la Vierge. Deux de ses fils, François et Jean de Saint-Jeoire, en hérite et la vende en 1543 à François Joly de La Roche. Jean-Louis, son fils ainé, y aménage une chapelle et fonde une chapellenie. Adrienne Joly de La Roche, l'apporte en dot en 1625 à Bernard Lucas. Ce dernier est contraint d'y reçevoir le 25 mai 1630, Louis XIII et le cardinal de Richelieu, venus recevoir la reddition de la garnison d'Annecy. C'est à Aléry qu'ils y rencontrent Mazarin.
Lors du siège d'Annecy en 1690 par le marquis de Saint-Ruth, celui-ci, y établit son quartier général.
Charles Joseph Lucas y adjoint ses domaines, qu'il a acheté, de Meythet, Vieugy, Loverchy, Gevrier et une partie de Seynod avec le titre de comté en 1699,. Son fils, Pierre-François Lucas, meurt sans héritier et la lègue en 1705 à son cousin Joseph-Louis d’Oncieux. Cette famille la vendront en 1818 à Joseph Quétand, taneur du val d'Aoste. Par mariage, elle passe dans les mains de la famille Velluz et elle est achetée en 1907 par Louis Aussedat. Elle est toujours propriété de cette famille.
Description
L’essentiel des bâtiments que nous voyons aujourd’hui, on été érigés au milieu du XVe siècle, sur le noyau de ceux du XIVe siècle par la famille de Sain-Jeoire. De cette période, il ne reste que le portail en tiers-point qui donne accès à la cour, et la base de la façade nord. Elle est trouée d’une petite fenêtre en tiers-point munie d’une grille en fer, qui devait être la fenêtre de la chapelle.
Dans la cour, la margelle du puits porte l’écusson daté de 1583 de la famille Joly de La Roche, que sa veuve posa à l’occasion de travaux de restauration.
Elle se présente sous la forme de deux corps de logis quadrangulaire en équerre que relie une tour d'escalier polygonale, découronnée à la Révolution. La maison forte était ceinte de murs, dont seul subsiste une partie, percée par le portail, qui a conservé ses gonds et sa barre de fermeture. A l'intérieur les pièces arborent de beaux plafonds.
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Deux articles de la Revue Savoisienne, publication de l’Académie Florimontane, en avril 1904 et décembre 1945, se sont intéressés à l’histoire et l’architecture d’Aléry, ainsi qu’à l’épisode fameux de la rencontre dans ces murs de Louis XIII, Richelieu et Mazarin en mai 1630.
Le nom d’Aléry semble venir de la villa romaine d’un certain Alachrius, nom d’origine gothique (Alaric ?). Mais il faut attendre 1276 pour qu’apparaisse un noble Humbert d’Allery versant une redevance à l’Abbaye de Talloire. Deux documents de 1297 et 1341 mentionnent également un Jacques et un Girard d’Alerie. En 1402, ce bien passait à Guillaume de Menthonay, Seigneur de Turchet et évêque de Lausanne qui est assassiné par son valet quatre ans plus tard, laissant Aléry à sa sœur Marguerite, épouse de Pierre de Saint-Jeoire, seigneur de Beaucroissant. Divers actes de leurs fils et petit-fils concernent Aléry tout au long du 15ème et première moitié du 16ème siècle. C’est cette famille qui, vers le milieu du 15ème siècle, fit construire l’essentiel des bâtiments que nous voyons aujourd’hui sur un noyau du 14ème siècle dont il resterait le portail ogival donnant accès à la cour, et la base de la façade nord trouée d’une petite fenêtre à tiers-point munie d’une grille en fer, qui devait être la fenêtre d’une chapelle.
En 1543, Louis de Saint-Jeoire, petit-fils de Marguerite et Pierre, vend Aléry à Fançois Joly, Seigneur de la Roche (près de Ruffieux), juge, syndic d’Annecy, qui deviendra sénateur. En pleines guerres de religions, ce François Joly intrigua auprès du duc de Savoie pour l’inciter à s’allier avec les protestants contre le roi de France Charles IX, ce qui lui valut une condamnation, puis un retour en grâce. Il mourut quelques années plus tard, et c’est sa veuve qui, à l’occasion de travaux de restauration d’Aléry, fit apposer sur la margelle du puits de la cour l’écusson de la famille (de sable avec deux chevrons d’argent) avec la date de 1583.
Le fils aîné de ce ménage, Jean-Louis, seigneur d’Aléry et de la Roche, fut capitaine du château d’Annecy, puis membre du sénat de Savoie. Il fit aménager une chapelle dans le château et fonda une chapellenie. Trois de ses filles entrèrent à la Visitation qui venait d’être créée par Saint François de Sales et Sainte Jeanne de Chantal. La quatrième épousa en 1625 Bernard Lucas, avocat patrimonial à la Cour des Comptes, qui héritait ainsi de la seigneurie d’Aléry et la Roche. Ce Bernard Lucas était issu d’une famille récemment anoblie. Son fils sera fait 60 ans plus tard comte du Saint Empire Romain Germanique pour avoir participé à la bataille qui sauva Vienne de l’invasion turque (1683). C’est Bernard Lucas, noble savoyard, qui, en mai 1630, fut contraint d’héberger à Aléry Louis XIII et Richelieu en guerre contre la Savoie, et qui venaient recevoir la capitulation de la garnison d’Annecy.
Cet épisode a fait l’objet d’une étude détaillée dans la Revue Savoisienne, et il est d’autant plus intéressant que c’est à Aléry que Mazarin a une rencontre décisive avec le roi et son ministre.
En guerre avec l’empereur à propos de l’intronisation de Charles de Gonzague à Mantoue, Louis XIII cherchait l’appui du duc de Savoie. Mais devant les tergiversations de celui ci, Louis XIII et Richelieu décident d’aller en personne conquérir la Savoie. Chambéry capitule le 16 mai, Aix le 21. Le 22 mai, un émissaire est envoyé à Annecy pour négocier la soumission du gouverneur Louis de Sales, frère du Saint évêque mort 7 ans plus tôt. Celui-ci essayant de retarder l’inéluctable, le Maréchal de Châtillon-Coligny (petit fils du fameux amiral protestant assassiné à la St Barthélémy) incendia en représaille le château de la famille de Sales à Thorens, où était né Saint François. Le 23 mai, le Maréchal arrivait à Annecy qui , devant cette force, acceptait la capitulation. Celle-ci fut réalisée dans des conditions honorables le 25 mai, les troupes du château étant autorisées à quitter la ville. C’est ce même jour que Louis XIII et Richelieu, avec de nombreux dignitaires, viennent s’installer à Aléry, d’où ils peuvent parfaitement voir la ville et ses environs tenus par leur armée de 13000 hommes et 500 chevaux. On ne sait pas dans quelles chambres ont couché les deux illustres personnages. Le matin suivant est celui du dimanche de la Trinité, et il est vraisemblable que Richelieu célébra lui même la messe à laquelle assista le roi dans la petite chapelle du château. Le roi avait alors 29 ans, et son ministre 45. Le lundi 27 mai, Louis XIII, Richelieu, et sans doute le Père Joseph, l' " Eminence Grise ", sont toujours à Aléry. Dans la soirée, Louis XIII et Richelieu reçoivent un jeune officier italien de 27 ans, diplomate du Pape, Giulio Mazarini. C'était l'une des toutes premières fois qu’ils le rencontraient. Richelieu avait fait sa connaissance en mars et l’avait présenté au roi à Grenoble quelques semaines plus tard. Mazarini, ou Mazarin, était en effet chargé depuis plusieurs mois de négocier la paix avec les différentes parties prenantes. Mais lors de cette entrevue d’Aléry, Mazarin se présenta avec des propositions de paix qui intéressèrent vivement Louis XIII et Richelieu, qui admirèrent beaucoup ce jeune diplomate pontifical. Il est probable, mais non certain, qu’il fut lui-même hébergé à Aléry. La tradition familiale indique que la séance de travail entre les illustres personnages eut lieu dans la grande pièce du premier étage donnant sur la terrasse (chambre de grand'mère). Repartant le 28 mai pour continuer les négociations auprès des différents belligérants, Mazarin avait gagné l’estime, et même l’admiration de Louis XIII et de Richelieu. C’était le tournant de sa carrière politique qu’il attendait depuis des années. Désormais il sera au service de la France, incontournable dans la vie diplomatique européenne, jusqu’à devenir 5 ans plus tard à son tour, poussé par Richelieu, cardinal, successeur du père Joseph, puis enfin ministre et successeur de Richelieu auprès de la régente Anne d’Autriche. Louis XIII et Richelieu repartirent dès le lendemain d’Annecy pour continuer leur guerre, non sans s’être auparavant inclinés devant le corps de Saint François de Sales qu’ils avaient tous deux connu et admiré. Sans doute ont-ils même été reçus par Sainte Jeanne de Chantal, encore supérieure de la Visitation, dans l’église de laquelle reposait la châsse du Saint (qui sera canonisé 35 ans plus tard).
Nous avons vu que Pierre, le fils aîné de François Lucas, l’hôte obligé de Louis XIII, avait acquis, grâce à ses actions d’éclat au siège de Vienne (1683), un titre de comte du Saint Empire. Il continua une belle carrière d’officier qui le mènera au grade de général, gouverneur de la citadelle de Turin. Pendant que son frère Charles Joseph , ayant acheté la seigneurie des paroisses de Meythet, Vieugy, Loverchy , Gevrier et une partie de Seynod, obtint de pouvoir les unir à sa terre d’Aléry avec le titre de comté en 1699. Son fils, Pierre-François Lucas, était donc comte d’Aléry, de la Roche et du Saint Empire Romain. Mort sans héritier, il léguait en 1755 l’ensemble à son cousin Joseph-Louis d’Oncieux. Le fils de ce dernier se voyait confisquer l’ensemble à la Révolution, mais se le voyait restituer dès 1797 du fait des services qu’il avait rendus en tant qu’officier.
En 1818, la famille d’Oncieux vend Aléry à Joseph Quétand, tanneur de la ville d’Aoste. Les descendants de celui-ci conservèrent Aléry, sans pouvoir l’entretenir correctement, jusqu’en 1907, date à laquelle ils le vendirent à Louis Aussedat.
En définitive, malgré sa situation sur une hauteur dominant Annecy et contrôlant le départ de la route Annecy-Chambéry, il ne semble pas que le château d’Aléry ait jamais eu de réelle vocation militaire. Plutôt maison fortifiée, ce qui était normal et courant dans cette région qui connut tant d’invasions et de batailles, Aléry fut jusqu’à la Révolution la demeure de petits seigneurs, dont la plupart furent plus gens de robe que d’épée.
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