AMEDEE VIII (1383-1451)
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AMEDEE VIII (1383-1451)
Amédée VIII, né à Chambéry le 4 septembre 1383 et mort au château de Ripaille (près de Thonon-les-Bains) le 7 janvier 1451, fut comte de Savoie (1391-1416), comte d’Aoste et de Maurienne (1391-1439), duc de Savoie (1416-1439), prince de Piémont (1418-1439, puis antipape sous le nom de Félix V (1439-1449). Il était fils d’Amédée VII le comte Rouge et de Bonne de Berry.
Amédée VIII le Pacifique
Amédée VIII fut le plus sédentaire des souverains de la maison de Savoie et ne porta jamais ses armes sur les champs de bataille en plein cœur de la guerre de cent ans, alors que ses ancêtres étaient plutôt belliqueux. Cependant, il mena de nombreux combats diplomatiques et ses ambassadeurs et courriers sillonnaient pour lui toute l'Europe, de Londres, Budapest, Prague, Paris, Francfort, Naples... voir #Les déplacements d'Amédée VIII.
Son père Amédée VII étant mort dans des circonstances tragiques à Ripaille, le jeune Amédée devient comte alors qu'il n'a que huit ans. Une lutte va s'opérer pour la régence entre sa mère Bonne de Berry et sa grand-mère Bonne de Bourbon, qui obtiendra gain de cause et restera régente jusqu'en 1393, quand elle sera dessaisie de la régence. Malgré tout elle conservera une influence importante sur le comte qui dispose désormais du pouvoir effectif. En 1410, il avait envisagé un pèlerinage à Jérusalem mais y a finalement renoncé alors que deux galères étaient affrétées.
Il est considéré comme l’un des principaux fondateurs de l’État de Savoie, par ses acquisitions : le Genevois en profitant de l'extinction de son dernier comte (sans Genève, mais avec Annecy), l’incorporation définitive de l'apanage du Piémont en 1418 au comté suite à l'extinction de la lignée mâle de la branche cadette de Savoie-Piémont, et enfin, l’érection du comté en duché le 19 février 1416 par l'empereur Sigismond en visite à Chambéry.
En 1416, il fait confisquer les livres des Juifs pour qu'ils soient examinés par des censeurs chrétiens. Le 17 janvier 1417, les livres sont brûlés et les Juifs doivent acheter au duc le droit de rester en Savoie.
En 1430, il promulgue les Statuta Sabaudiæ (statuts de Savoie) qui, bien plus qu’une codification administrative et judiciaire, se rapprochent d’une véritable constitution.
Il est le créateur de l’ordre de Saint-Maurice en 1434, date à laquelle il se retire au château de Ripaille en confiant la lieutenance générale du duché à son fils Louis Ier sous le titre de prince de Piémont afin qu'il se forme. Le duc est en effet déchiré après le décès de son fils Amédée, si prometteur, en 1431 et y voit le moyen de former Louis, qui semble moins doué pour les affaires. Malgré sa retraite il va encadrer son fils dans la direction du duché en lui adressant régulièrement des consignes. Il ne va abdiquer qu'en 1440 en se faisant couronner à Bâle après avoir été élu pape par le concile de Bâle.
Antipape Félix V
Félix V faisant allégeance à Nicolas V, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
Sous le nom de Félix V, Amédée VIII de Savoie fut antipape au temps du concile de Bâle. Sa mitre est exposée dans le trésor de l’Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune.
L’élection de Félix V résulte d’une lutte d’influence entre le pape Eugène IV et les membres du concile de Bâle. Après une série de conflits, Eugène IV décide de transférer le concile de Bâle à Ferrare en 1438. Seule une minorité accepte d’abord cette décision et le concile décide de continuer à siéger à Bâle. Le 30 octobre 1439, s’appuyant de manière erronée sur le décret Haec sancta du concile de Constance, le "concile" prétend déposer Eugène IV et élit à sa place Amédée VIII de Savoie, alors âgé de 56 ans, sous le nom de Félix V.
L’antipape Félix V est intronisé le 23 juillet 1440 dans la cathédrale de Lausanne. Il prend comme secrétaire Enea Silvio Piccolomini, futur pape Pie II, et qui prit rapidement ses distances avec Bâle.
Félix V se soumet en 1449 au successeur d’Eugène IV, le pape Nicolas V. Il est alors nommé évêque de Genève, légat pontifical et cardinal. Il est le dernier antipape officiellement reconnu comme tel par l’Église catholique.
Il se retira dans le prieuré créé par lui à Ripaille, où il meurt en 1451. Ses ossements, retrouvés après la profanation de son sépulcre pendant les guerres de religion, furent portés à Turin.
Les déplacements d'Amédée VIII
Il vécut la plus grande partie de sa vie au château de Ripaille près de Thonon-les-Bains. Durant ses 43 ans de règne, en dehors de la Savoie, il ne s'aventura que sept fois sur ses terres du Piémont, en passant par la vallée d'Aoste, mais n'alla jamais plus loin que Turin et Ivrée. Il se rendit sur sa terre de Nice (1420) où il embarqua même jusqu'à Villefranche-sur-Mer, mais il n'allât jamais dans ses terres qu'il considérait trop lointaines de Rome, Milan, Venise et Florence.
Il n'aimait pas la haute montagne avec ses reliefs tourmentés, ses neiges, son dur climat, qu'il considérait comme une antichambre de l'enfer, aussi protégea-t'il particulièrement les hospices du col du Grand-Saint-Bernard et du col du Mont-Cenis qui étaient chargés d'héberger les voyageurs aidés dans leur traversée par les marrons (les guides). Il n'aimait pas beaucoup non plus s'aventurer sur le lac Léman, en 1403, il le traversa avec ses sœurs sur une galère d'apparat mue par 25 rameurs. L'été, par belle journée il acceptait de le traverser en barque pour aller à Morges, à Lausanne ou au château de Chillon, sinon il préférait le contourner par la route en chariot tiré par des mules plus calmes que les chevaux.
Il se rendit plusieurs fois à Dijon, ville de son épouse, mais une fois à Avignon (1395), trois fois à Paris (1398, 1401, 1410) mais il refusa d'y retourner. Il y possédait pourtant un bel hôtel résidentiel et aussi un château à Gentilly où son ancêtre Édouard le Libéral mourut en 1329. Il se rendit aussi une fois à Lyon (1415) en descendant le Rhône en barque depuis Seyssel en compagnie de l'empereur Venceslas.
En Suisse, il se rendit plusieurs fois à Berne et à Fribourg mais refusa en 1414 de se rendre au Concile de Constance qui devait pourtant mettre fin au Grand schisme. En 1439, il vécut quelque temps à Bâle.
Mariage et enfants
Il épousa le 30 octobre 1401 Marie de Bourgogne, fille de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et de Marguerite III de Flandre, et eut 9 enfants :
* Marguerite (1405 † 1418)
* Antoine (1407 † 1407)
* Antoine (1408 † 1408)
* Marie (1411 † 1469), mariée en 1427 à Philippe Marie Visconti (1392 † 1447), duc de Milan
* Amédée (1412 † 1431), prince du Piémont (1424-1431)
* Louis Ier (1413 † 1465), duc de Savoie, comte d’Aoste et de Nice, prince du Piémont, marié en 1433 à Anne de Chypre (1419-1462)
* Bonne (1415 † 1430)
* Philippe (1417 † 1444), comte de Genève
* Marguerite de Savoie (1416-1479), mariée :
1. en 1432 à Louis III (1403 † 1434), duc d’Anjou et comte de Provence
2. en 1444 à Louis IV (1424 † 1449), électeur palatin
3. en 1453 à Ulrich V (1413 † 1480), comte de Wurtemberg
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